Il fallait s’en apercevoir bien avant cela. Ce n’est pas une question d’âge seulement, mais aussi de saturation et d’ambiance.
Après des titres continentaux, des qualifications au Mondial et également aux JO, l’équipe de Tunisie a accusé le coup dernièrement avec de petits résultats lors des éliminatoires du Mondial 23 et des chances compromises.
Il reste un tournoi où les basketteurs tunisiens doivent gagner tous leurs matches pour espérer rattraper le temps perdu. D’ici là, la Ftbb et, bien sûr, son président, qui a connu et vécu l’âge d’or de cette sélection, ont décidé de se séparer de l’entraîneur allemand Bauerman et aussi de certains vieux lieutenants, comme Sélimène, Mejri ou Ghayaza. Des décisions qui, jusqu’à ce jour, n’ont pas été annoncées officiellement dans les supports de le Ftbb, mais qui témoignent d’une rupture par rapport au passé. Surtout pour ces joueurs de métier qui ont brisé le tabou de l’Afrique depuis 2011 et réussi à dominer pendant un bon moment la scène africaine. Et, étant donné ce flou autour de cette question, il serait curieux de connaître ce qui s’est passé pour en arriver là.
Défaites surprenantes
Perdre deux matches à Monastir devant son public, voilà une contre-performance surprenante et fatale. On avait tout pour gagner et en finir avec la qualification au Mondial. De la baisse de régime des cadres de la sélection à la saturation de l’ossature du cinq tunisien, en passant par la qualité moyenne des nouveaux joueurs de la relève, l’équipe n’est plus celle qui assurait comme par le passé ses matches. Quelque chose a changé, et cela se voit que l’ambiance et l’homogénéité ne sont plus les mêmes.
Il y a aussi la mauvaise lecture des événements, car on voyait bien que la moyenne d’âge est trop élevée, mais on s’est obstiné à prendre les mêmes. Et quand vous voyez les mauvais résultats des sélections des jeunes depuis des années, il fallait s’attendre à ce que l’équipe A cale un jour ou l’autre. Entretemps, les joueurs qui viennent, et qui doivent prendre la relève, ne sont pas aussi brillants et confiants que les vieux lieutenants. Et cela a duré des années. On n’a pas vu une génération de jeunes doués venir en grand nombre, comme ce fut le cas il y a plus de 10 ou 15 ans. La fin du cycle était alors prévisible pour tous, d’autant qu’on sentait des signes de démotivation et on entendait des bruits sur des vestiaires tendus.
Et ces décisions prises à la hâte ? C’est l’avenir qui dira si c’est bien placé ou non. Mais le problème est beaucoup plus général : il faudra revoir le modèle du championnat et sauver les clubs formateurs, les seuls capables de nous offrir des joueurs de qualité. On a démoli le compétition locale, on s’est penché sur le court terme et l’équipe A, on est allé naturaliser un joueur qui n’a pas apporté ce qu’on espérait, et pour relancer les choses, la Ftbb a licencié le sélectionneur national et quelques cadres, sortis par la petite porte. Tronquée comme solution. La sélection doit être le reflet et le prolongement de tout ce qui se passe dans les clubs et la compétition locale. C’est par là qu’on doit réformer et changer.
C’est une sélection en fin de cycle, ce n’est pas la fin du monde. Même si ça devient difficile, une qualification au Mondial est toujours envisageable, mais, au-delà de ce Mondial, la sélection doit être rebâtie avec l’envie de changer et de désigner des joueurs motivés en accordant les moyens et le temps nécessaires pour que les choses aillent bien. Sinon, on doit comprendre qu’aucune sélection ne peut rester au sommet à vie !